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Vasaåket 2021: une "Vasaloppet, vasy quand même !"
 

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Ecrit le 5 mars 2021 par Boris Petrof

   
 


J’ai bien hésité pour titrer le compte-rendu de cette édition tout à fait exceptionnelle de la Vasaloppet.

« 2021 : un invité surprise ? » en référence à ce Covid 19 qui a perturbé toute la saison et bien sûr marqué la Vasa 21.

« La plus belle et la plus méritée » tant il est vrai que ce furent des conditions météo et de neige fabuleuses mais un bazar permanent pour y aller et en revenir.

« 5h43’57’’ » parce que c’est mon chrono et qu’il est incroyable, invraisemblable, inespéré. Mais réel.

Et puis j’ai repris l’idée de mon compagnon de Vasa, Jean-Philippe Beaucher (sans qui sans doute je n’aurai pas fait le voyage cette année) et qui a traduit l’expression suédoise « Vasaåket » par « Vasa-quand-même », exprimant bien l’idée du mot åket : le parcours, et donc l’esprit de la Vasa. Elle est différente, mais l’essentiel est conservé aussi est-ce quand même une Vasa ! Et comme ce n’était pas de la tarte d’y aller, j’ai finalement opté pour « Vasa : Vasy-quand-même ».

 

Pour Jean-Philippe (JPB pour les intimes) c’était la 28ème année de Vasa. Devenir vétéran de la Vasa est son rêve le plus fort et il sent bien qu’il est maintenant à deux pas, deux petits pas, de le réaliser. Alors, envers et contre tout, il a décidé de ne pas renoncer cette année. Malgré toutes les embûches liées à cette année 2021 et jusqu’au décès de son père (très âgé) 8 jours avant la date de sa Vasa, il a maintenu le cap et sa décision.

Pour moi, même si l’enjeu est plus modeste, je ne sais pas vivre sans courir au moins une Vasa chaque année ! Cela ne m’est pas arrivé depuis 1988…

 

Alors nous avons appris avec grand bonheur la décision des organisateurs de la Vasaloppet de la maintenir coûte que coûte, fut-ce, évidemment, avec des modifications et des précautions liées au Covid.

La principale des modifications fut d’étaler l’épreuve… sur 25 jours ! Une Vasa organisée sur les traces originales chaque jour du 12 février au 7 mars afin de répartir sur 25 jours les quelques 25 à 30 000 inscrits à la Vasa (et aux Oppetspar) 2021. En fait, un certain nombre de concurrents (inscrits en début mars 2020, avant l’apparition du Covid) ont renoncé. En particulier les étrangers pour qui le voyage aller-retour s’avérait complexe, sinon impossible.

JPB et moi étions inscrits sur l’Oppet du lundi 1er mars. Les organisateurs de la Vasa nous ont proposé de garder cette date pour notre Vasaåket. Cela nous convenait parfaitement. Avec un départ avancé de près d’une heure : pour limiter tous risques de transmission du virus, chaque jour le départ était réparti sur une heure, de 7 à 8…

Ma correspondante Johanna Larsson me confirme que cette édition sera comptabilisée pour le nombre d’années de Vasa et que les ravitaillements sont maintenus comme d’habitude. Pour le test PCR, exigé pour le retour, elle me guide sur l’aéroport d’Arlanda.

Mais imaginez ce que cela a représenté pour la Vasa : trouver des bénévoles pour les ravitaillements 25 jours de suite, des bus chaque jour, des traces faites et refaites chaque jour, etc.

 

JPB, en retraite depuis cette année, a repris sérieusement l’entrainement et moi je n’ai pas arrêté. Plus de 1000 km à mon compteur cette saison au 20 février.

Devant l’impossibilité d’aller en train à Stockholm et Mora (Danemark totalement fermé aux étrangers), JPB s’est résilié à prendre l’avion. Avec moi.

C’est lui qui s’est occupé de nous trouver un hébergement. Choix final qui s’est avéré parfait : à deux pas du centre-ville de Mora, en face de la gare, un Bed and Breakfast confortable, avec des cuisines à libre disposition et bien équipées pour se préparer les repas (midi ou soir). Je vous le recommande : il s’agit du Kristinebergs.

Nous regardons les prévisions météo : comme en France, un fort vent d’Ouest réchauffe l’atmosphère. Température prévue pour notre semaine de Vasa : entre 5 et 10 ° ! Va-t-il rester de la neige ? Dans quel état sera-t-elle ? Heureusement pas de pluie prévue et les nuits semblent rester fraiches (et surtout négatives).

 

Restait plus qu’à arriver en Suède et éventuellement en repartir, la course finie…

Et c’est là qu’ont commencé, sinon les galères, du moins les angoisses.

D’abord Air France a annulé deux vols sur trois ! Programmés le vendredi 26 février au matin, c’est finalement sur le dernier vol du soir que nous avons été reprogrammés. Arrivée à Arlanda prévue à 18h10. Petit souci : nous ne serons pas à temps à notre hébergement à Mora pour récupérer les clefs. Echanges mail avec le B&B : les clefs nous attendront dans une boite avec un code perso… Ouf.

Puis nous apprenons que l’entrée en Suède n’est possible pour un étranger que pour « une cause impérieuse » et muni d’un test Covid négatif de moins de 48 h, rédigé en suédois, danois ou anglais. Et c’est tout. Pas en français.

La cause impérieuse ne nous faisait pas souci. Le test ? Nous l’avons programmé à Ivry le jeudi matin. Test antigénique autorisé par les suédois. Donc résultats quasi immédiats. A 11h00 nous nous savions tous les deux « négatifs ». Ouf… Mais impossible de le faire rédiger en anglais. JPB envisage de trouver une traduction assermentée. Je le rassure en lui affirmant (peut-être un peu vite) que Covid, antigénique, négatif et la date se disent de la même façon en français et en anglais…

Pour se faire enregistrer à Roissy, pas de soucis. Puis prise de notre température : ok pour nous deux. Mais à l’embarquement le test est exigé. Nous l’avons : tout est parfait et nous prenons place dans l’avion.

La première étape est passée. Je rassure Isabelle, qui n’avait pas prévu de nous accompagner cette année.

Dans l’avion, nous perdons encore près d’une heure : le temps de trouver et débarquer les bagages des passagers enregistrés mais dont le test n’était pas ou plus valable…

Arrivée à 19h00 à Arlanda après un voyage masqué. Nous sortons de l’avion deux par deux ! Rang après rang.

Passage à la police. Vérification des passeports et du certificat… Moment de vérité, vite résolu : le français ne pose aucun soucis à nos amis suédois.

La seconde étape est passée.

Et nous voilà à attendre les bagages. Les nôtres n’arrivent pas : et s’ils avaient été débarqués par erreur ?!?

Je pars chercher les skis aux « bagages hors format » quand JPB guette son sac à dos. Surprise : tous les passagers « résidant à Stockholm » sont invités à subir une sorte de test santé supplémentaire. Cela ne nous concerne pas. Mais JPB en profite, son sac enfin arrivé, pour demander aux autorités sanitaires présentes des infos sur les possibilités de se faire tester à Arlanda. Il perd 5 bonnes minutes sans réponse précise. Mais des minutes sacrément précieuses … puisqu’elles ont permis à un passager italien qui avait exactement le même sac à dos sur ce vol AF de le récupérer sur le caddy de Jean-Philippe !!! Et lui donner le sien…

Quand nous prenons l’auto (après avoir traversé tous les terminaux fermés d’Arlanda) il est 20h00. Pour Mora, distant d’un peu plus de 300 km, Google Maps prévoit 3h30. Nous mettrons 2h40, en évitant de se faire flasher à tous les radars (bien indiqués)…

A 23 heures nous sommes couchés : les clefs étaient bien là dans un coffret à code et le code bon.

 

Samedi 27 février : aucun chapiteau Vasa à Mora ; une ville en travaux, déserte ; Vasa Hus fermée. Juste un petit bâtiment modeste où nous pouvons retirer notre puce et un sac vestiaire. Pas de dossards. En passant la main à travers la fenêtre, et masqué !

Nous demandons des infos sur les possibilités d’un test PCR à Mora ou dans les environs. Rien : nos amis de la Vasa nous renvoient à internet ! Et à Arlanda.

Bon, il fait beau et nous décidons de voir la piste, tester notre fart et nous dérouiller entre Mora et Eldris. La ligne droite d’arrivée devant les 2 églises n’est pas enneigée : on y circule en auto ! Je me gare devant Mora Parken et nous fartons en tube universel -6/+6.

Choix médiocre pour moi : je glisse mal et accroche encore moins. Plus satisfaisant pour JPB. Nous croisons quelques skieurs partis sans doute sur le 30 ou le 45 : il est encore trop tôt pour croiser les skieurs du 90 bornes.

Je retrouve avec bonheur la double poussée sur une trace magnifique et une neige gelée.

Si lundi c’est la même météo et la même neige, ce sera un régal. Espérons.

Jean-Philippe découvre avec étonnement, et un peu d’horreur, que son pote de Vasa a quitté l’alternatif pour ce style affreux. Il m’en fait gentiment la remarque, fidèle qu’il est au vrai style alternatif ! Mais il constate aussi que je monte sans trop d’effort les quelques côtes du tronçon Eldris-Mora…

Retour en ville : déjeuner au restau Thai qui est en face de notre B&B. Bon, sympa et très économique (11.50 € : encore une adresse à noter, depuis que notre chinoise d’Oscar a pris sa retraite).

Il faut absolument qu’on trouve un endroit pour se faire tester PCR : aujourd’hui ou au pire demain dimanche : lundi on court et mardi c’est trop tard pour avoir les résultats avant le départ de notre avion.

Internet (que manie très bien JPB) nous renvoie sur Gävle : c’est à 150 km de Mora et nous n’avons guère envie d’un AR de plus de 300 bornes.

Nous essayons l’hôpital de Mora : fermé le samedi !

Puis les pharmacies (pardon LA pharmacie ouverte) de la ville : aucune info .

Retour à notre B&B. Sur son téléphone, Jean-Philippe nous trouve une possibilité sur l’aéroport d’Arlanda à 185 € : dans l’hôtel Clarion. Mardi vers 10h30. Résultats dans la soirée. Pas d’autres solutions : faudra décaler de 24h notre retour sur Paris.

J’appelle Air France : ok pour un vol le mercredi à 19h10.

JPB réserve les créneaux pour notre test. Tout en suédois, évidemment. Au moment de finaliser la résa… le site réclame un code personnel d’identification ! Aucune idée de ce que cela peut-être. Notre message incomplet est-il parti ? Sommes-nous bien prévus à 10h20 et 10h30 ? Sans doute car ces créneaux n’apparaissent plus libres sur le site de « Vaccina » qui est le laboratoire qui fera les tests à Arlanda. Espérons…

Petite visite à Inga Lill qui va bien, égale à elle-même.

JPB réserve le bus pour lundi matin : nous prendrons celui de 5h00 pour être sûr de ne pas rater le départ. Panique : il ne trouve qu’un bus à 9h00 ! Et si tout était complet ?! Comment rejoindre le départ ? En auto (je l’ai fait déjà une fois) c’est de la folie : une fois revenu à Mora il faut reprendre un bus puis refaire les 100 bornes en auto. Un taxi ? En Suède, hors de prix… Trouver ce soir ou demain un concurrent qui dort dans notre B&B et peut nous emmener lundi ?

JPB cherche et cherche sur son téléphone … avant de crier victoire : il s’était retrouvé sur les bus pour la Vasa45 du lundi. Pour le 90, il y a bien les deux bus prévus (5 et 6 h). Reste plus qu’à payer…

Ce qui est impossible : cette année ce n’est pas la Vasa qui gère les bus mais directement la Compagnie de bus. Qui n’accepte qu’un paiement via swish. C’est quoi « swish » ? Wikipédia nous renseigne : une sorte de PayPal suédois que tous les suédois utilisent (4 millions de comptes swish pour une population totale de 6 millions d’habitants). Pour ouvrir un compte swish, rien de plus simple : il suffit d’avoir un compte bancaire … suédois ! Bien sûr que nous n’en avons pas !

Retour à la case départ et nouvelle angoisse. Je file à la maisonnée Vasa (qui ne ferme qu’à 20 heures) et explique au préposé notre problème (dans mon anglais très balbutiant). Il me dirige sur une charmante jeune femme, visiblement responsable Vasa. Après m’avoir écouté, elle prend son téléphone cause quelques instants et me rassure : « lundi matin, au départ des bus, vous verrez un gars nommé Niklas : il sait que vous ne pouvez pas régler les billets : il vous fera voyager gratis ». Je lui demande son nom : Erika. Et note dans ma petite tête : Erika/Niklas ; Erika/Niklas…

Je rentre et informe JPB de l’économie que nous ferons (euh… sans doute ?).

 

Samedi soir : dîner dans notre hébergement où nous découvrons une bien belle salle de fartage.

Trop de soucis (certes mineurs) : je dors mal, enfin peu ! Et me réveille dans la nuit avec comme un début d’angine ! Je prends une aspirine et tout rentre dans l’ordre. Ouf.

 

Dimanche 28 février : il est temps de préparer les skis pour demain. Je teste en glisse (sans fart de retenue) les Fischer d’Adrien et les Salomon de Jeannot : les premiers glissent un peu mieux. Je farte en klyster violet KX40S de Swix (+2/°4°) : c’est correct.

Encore un petit AR sur Eldris pour le fun et nous rentrons. Buffet Thai et … sieste.

 Apparemment notre rdv pour le test PCR est bien enregistré : nous recevons, en suédois, un message qui semble le confirmer : « Din bokning hos Vaccina : Tisdag 2 mars 2021 kl 10.30 »

On fera avec…

Je peaufine mon fartage de retenue (et ne touche pas à la glisse, faite à Paris, avec une paraffine 0/-4°). Volontairement je ne mets pas de sous-couche mais égalise simplement mon klyster violet : mon objectif est qu’il me mène à Smägan : après je n’aurai sans doute plus besoin de fart et tant mieux s’il ne tient pas.

Dîner de pates.

JPB a négocié le petit dej à 4h00 pour demain. Plus exactement, il nous est montré le frigo mis à notre disposition avec tout ce qu’il faut pour le petit dej. Vraiment une bonne adresse, ce Kristinebergs.

Mauvaise nuit. Couché tôt (vers 21h30) je me réveille définitivement à 1h30. Toujours quatre heures de prises !

 

Le grand jour !  Lundi à 3h30 nous nous levons. Et croisons dans l’auberge quelques autres skieurs de la Vasaåket 90 du 1er mars. Fidèle à mes traditions, je me prépare un plat de pates que je mange avec plaisir à 3h45 du matin…

J’enfile ma combinaison « spéciale Vasa » inaugurée en … 1993 : elle a 28 ans n’a pas pris une ride (et moi je n’ai pas vraiment grossi depuis cette année-là). Et n’oublie pas mon bonnet vert « Finlandia Minnesota » : que voulez-vous, le matérialiste que je prétends être reste superstitieux quand il s’agit d’événements aussi importants que la Vasa.

A 4h30 nous sommes prêts et partons tout simplement à pieds au départ des bus. 500 mètres à peine. Nous suivons quelques skieurs : bon signe, le rdv devait bien être là où je l’avais compris. Pas de bus : il est encore bien tôt. Mais une guérite et un type dedans. C’est bien Niklas : il confirme notre passage gratis ! Yes….. Tout semble s’arranger comme il faut et il fait juste assez froid (autour de zéro) pour que la neige reste gelée à Sälen.

2 bus seulement (… contre une centaine les vrais jours de Vasa ou Oppet !). On s’installe et j’espère dormir un peu. Comme d’hab’.

Mauvaise pioche : juste derrière nous deux jeunes gars discutent, discutent, discutent. Tant pis. En une heure à peine nous sommes à l’aire de départ : aucun embouteillage et un parcours direct (qui évite Sälen).

Nous passons (en car) devant le départ traditionnel : il fait encore nuit (6h00) mais les 10 lignes sont bien éclairées. Tiens, pas de filet, pas un skieur, rien, pas de chapiteau, quasiment pas d’autos sur le parking…

Le bus part sur la droite et nous laisse dans un parking désert. Un feu de camp est allumé. Au bout, des chiottes (toutes libres) nous attendent. Un malheureux camion est préposé aux sacs.

Je recouvre mon klyster de poussette bleue pour éviter qu’il ne glace.

 

A 7h00 je suis les flèches et monte vers le « START » : c’est un terrain de foot. (JPB part une demi-heure plus tard). Au bout, un départ de piste. Nous sommes une vingtaine, tranquillement à la queue leu leu à nous y engager. Visiblement la puce fonctionne : et c’est parti : sans vraiment en avoir bien conscience.

Pas de musique : il nous manque, notre air familier de la Vasa. Personne pour nous inviter à un échauffement ni pour nous rappeler que seul le pas classique est autorisé. Du reste, je crois que cette année il était possible de courir la Vasa en skate, mais tradition oblige nous n’avons vu, ni JPB ni moi, personne en skate sur tout le parcours.

 

Au bout de 800 mètres nous bifurquons sur la droite et retrouvons la piste de la Vasa et bien vite le panneau « Mora 89 km ». Il n’y a que deux pistes de tracées, mais elles sont parfaites. Et mon fart est nickel : très bonne retenue et glisse impeccable.

Possibilité de doubler sur la gauche, mais c’est poudreux et ça accroche un peu. Assez rapidement je choisis la sagesse et monte tranquillement mais tout de même à un bon rythme les 3 kil de côte. Ne doublant que rarement : quand les deux traces traînent vraiment. Bien sûr, pas un arrêt, pas un canard : c’est le pied.

 

Pourtant je regrette l’ambiance toute particulière de ce passage, de l’autre côté de la route, envahi (en temps normal) de skieurs jusqu’à l’horizon. C’est la communion.

Ce matin c’est tout simplement un beau départ rapide…

A ma montre, j’ai quitté le stade de foot à 7h08. Je pronostique Smägan (11ème km) avant 8h00. Passé le 4ème km, je trouve ce parcours étrangement plat, moi qui étais habitué à l’enchainer en alternatif avec des à-coups permanents ! Et me voici à Smägan. Il est… 7h50 ! Du jamais vu. Comme à chaque ravito, je prends un verre d’Enervit, un petit pain et un Bouillonn’. Les bénévoles sont tous en masque et gantés. On se sert tout seul : en file indienne ; personne à côté (ni vraiment devant ni derrière).

Smägan-Mangsbordanna (13 km) : je sais que c’est une portion rapide quand la neige le veut bien. Et c’est un gal : je ne vois pas passer les km et c’est à 18 km/h de moyenne que j‘arrive à Mangsbordanna !

 

Je me prends à rêver : si ça continue comme cela, si je ne craque pas, je retournerai sous les 7 heures. Mon objectif secret pour cette 33ème année de Vasa.

Je pense à Jean Gadiolet et à Michel Imbaud : des fusées, si le sort ne les avait pas enlevés tragiquement cette année.

La côte sur Risberg : je l’avale tout en double poussée et dépasse un grand nombre de concurrents dont quelques Veterans : on se salue discrètement. Un couple skie à mon rythme : je suis parfois derrière et parfois devant.

Au 45ème kilomètre je regarde ma montre : dans les 10h00. La mi-course atteinte en moins de 3 heures. Inimaginable. Tiens le coup , papy et tu bats ton record historique des années 2000 (dans les 6h12 je crois).

La descente d’après Evertsberg : les traces restent parfaites et je me risque à tout passer en recherche de vitesse. Bon choix : je ne tombe pas, double encore des skieurs plus prudents et laisse derrière mon couple du départ.

Oxberg, Hökberg : je sais les quelques raidillons mais ne m’en inquiète pas. Je n’ai plus aucune retenue mais je les passerai en canard sauté, si ça monte trop pour mes petits bras.

Eldris : il est un peu plus de midi 20… Je dois pouvoir passer sous les 6 heures ! Du jamais vu pour moi. Même dans mes rêves les plus fous.

Je suis bien depuis le départ et pousse sur les bras comme si c’était un long sprint. Des pas plus courts, plus saccadés, les bâtons bien serrés dans les mains quand ça monte, une foulée plus lente avec un temps de récupération en fin de poussée dès que cela redevient plat.

Je sais l’arrivée devant le musée Zorn : c’est 600 mètres de gagnés.

Je passe la ligne. A ma montre il est 12h52. Je l’aurais bouclée en 5h44 !!!

J’en pleure. Et embrasse mes deux skis : ils méritent bien ce respect, eux qui m’ont si gentiment mené au paradis.

Un bénévole m’aiguille sur la gauche : on discute un coup. C’est un Veteran. Moi aussi. Photos…

Rendre la puce, prendre le panier repas que me tend une petite dame, longer les deux églises, passer devant la Vasa Hus où je me prends (en self-service) ma médaille Vasa Oppet 90 km,

trouver mon sac quelques mètres plus loin. Il est une heure de l’après midi et j’en ai fini ?!??

Sur mon téléphone un message de la Vasa : « Congratulations Boris, youd id it ! We hope you had a wonderfull ski trip and you feel great. (…) You can read about Vasaloppet’s 100-year celebration in 2022 where you have piority booking before it opens for the public. Welcome back ! Your time is : 05 :43 :57 »

Tu parles si j’en serai ! Evidemment, bien sûr. En fait un seul mot m’intéresse, me frappe au cœur : 5h43… C’est donc officiel. Ce n’est pas ma montre qui s’est arrêtée ou je ne sais quoi.

 

Retour au B&B, douche, casse-croute.

Je retourne voir Ingalill à qui je donne ma médaille. Je la sens très émue. Plus tard elle écrira sur son site Facebook « Thank you Boris for giving me your medal from today race. You are a Great man. I am so very happy ». Parce que la mamie, à 82 ans parle toujours anglais et pratique Facebook. Sa fille Anna-Karin répondra quelques heures plus tard : «Inga-Lill got so much energy from your visit. You are really a wonderfull man ». 

Tant mieux. Mais ce que je sais aussi, c’est que je n’aurais pas fait avec tant de plaisir mes 20 premières éditions de Vasa si je n’avais été accueilli si magnifiquement par Ingalill et Hans…

 

Je songe à Jean-Philippe qui doit tranquillement faire son bout de chemin. Je suis certain qu’il ira au bout et gagnera sa 28ème année. J’achète une bouteille de mousseux pour fêter cela, tout à l’heure. Erika m’annonce son arrivée vers 16h30/16h45. Je me poste au km 1, au milieu des camping-cars et le guette. Rien. A 17h00 passée, je me dis que je l’ai loupé ! Je cavale jusqu’à notre hébergement en passant par Vasa Hus : pas de JPB. Que lui est-il arrivé ? Au gîte, personne non plus.

Un message téléphonique, d’Arnaud Chambellan me rassure : « Jean-Philippe est arrivé à 17h08. Bravo à lui. ». Il est 17h15

Je saute dans l’auto et file à l’arrivée : plus de JPB. Il ne me reste qu’à rentrer à la maison où je le retrouve, comblé.

« Oui, j’ai eu des problèmes de fartage : aucune retenue après Evertsberg. Je me suis fait refarter à Oxberg : toujours aussi mauvais. Puis à Hökberg : pas mieux. Sans doute pas assez épais ou pas assez long.  Alors j’ai sorti mon tube d’Universel et cela a de nouveau collé. Dans les deux sens du terme. »

D’où son léger retard sur le chrono prévisionnel d’Erika.

A 18 heures, nous accueillons à notre B&B Arnaud Chambellan, à qui j’ai promis de prêter une bonne paire de skis classique et son pote Stéphane Cocandeau et trinquons à notre santé et notre belle sortie de la journée !

Depuis plusieurs mois, nous échangeons avec Arnaud : c’est sa première course (et donc sa première Vasa) et il n’eut de cesse de me questionner. Comment s’habiller, où trouver des skis, qu’emporter pendant la course, quel chrono envisager ? Etc. etc.

Je suis ravi de faire sa connaissance et celle de son ami Stéphane. Sûr que nous nous reverrons.

Ils courent jeudi. (Et ils mettront 7h20, ce qui est tout à fait remarquable pour une première fois, même s’ils sont encore relativement jeunes.  Bravo à eux).

Encore une fois, comme pour la Marcia, nous avons été têtus, persistants, fous, confiants, inconscients, optimistes enfin prenez le qualificatif que vous voulez, mais nous l’avons faite et c’est un immmmmmmmmense bonheur !

Plus que deux ans pour Jean-Philippe (tout de même estomaqué par mon chrono du jour) et une 33ème à mon compteur. Et quelle belle édition. On ne reverra jamais cela.

 

La troisième étape est passée : reste à rentrer en France …

Jean-Philippe tente de réserver une chambre sur l’aéroport d’Arlanda à Jumbo : ce Boeing 707 transformé en auberge de jeunesse. C’est pas cher. Mais visiblement il est fermé ! Ou du moins ne prend pas de réservations via Booking. Tant pis on verra sur place où dormir.

 

Encore une nuit médiocre : excès de boissons vitaminées, tension, fatigue musculaire ? Je ne sais pas et je m’en fous. Elle est faite, et de quelle manière ! J’en pleure encore de joie.

Lever pour le premier petit-déj (à 6h00) : je veux être à l’aéroport avant 10 h00 pour notre test et imagine que la circulation sera moins fluide qu’à l’aller. On dormira mieux demain.

Hôtel Clarion : nous trouvons le stand de Vaccina. Nous sommes bien attendus. Oui nous aurons les résultats du test le jour même, avant 20h00. L’hôtesse, qui est également l’opératrice de test, n’est pas typiquement suédoise : elle vient de Somalie (comme la Lili de Perret). Charmante. Elle nous explique ce qu’est le numéro d’identification personnel : un nombre composé à partir de sa date de naissance (année, mois et jour de naissance) plus 4 chiffres. Par exemple 1212. Nous n’innoverons pas et garderons ces 4 chiffres pour boucler notre numéro d’identification personnel.

Test dans la gorge et non dans le nez. Impeccable.

Nous payons nos 1850 couronnes (environ 185 €) avec l’espoir de se faire rembourser tout ou partie par la sec soc en France. Nous aurons les résultats par mail.

Retour à la location auto. Tout est OK. Juste en face, le Radisson blu nous tend les bras. C’est l’un des moins cher de l’aéroport. JPB réserve une chambre avec la réduction de son statut Genius de Booking.

Très belle chambre. Nous finissons nos réserves alimentaires (pain et saucisson de Mora, yaourt, chocolat) regardons le sprint féminin au championnat du monde de ski de fond… et restons à sommeiller dans la chambre : pas l’énergie suffisante pour partir en ville.

A 16h30, message de Vaccina : « Hej ! Observa att denna  länk enbart fungerar i tre dagar ? Här är länk till reseintyget son en PDF : pdf link . »

Euh… et si c’étaient nos résultats ? On tape sur le lien…. Et il ne se passe pas grand-chose : c’est un message qui nous demande notre numéro d’identification personnel  (ça on connait) et le code envoyé par mail. En suédois, of course !

Ni JPB ni moi n’avons reçu de mail de Vaccina depuis ce matin.

Ce matin ? Mais oui, bien sûr. Je retrouve un mail et distingue dans 10 lignes de suédois un « KOD ».

Je tape ce Kod et mon numéro d’identification. Que dalle !

Heureusement, Jean-Philippe qui fait en même temps la même opération aboutit au résultat de son test : NEGATIVE ! Whaouuuuu.

Ca devrait marcher aussi pour moi : je reprends le mail du matin et découvre avec une joie absolue que j’avais oublié un caractère de mon Kod secret !

Je recommence …et ça marche ! Et je suis aussi NEGATIVE !

Il ne nous reste plus qu’à demander à l’accueil de l’hôtel de nous imprimer nos certificats. On les lit et relit avec attention : tout à l’air correct, on devrait être autorisé à rentrer.

Trop tôt pour se coucher : on fait un tour à l’aéroport. On trouvera bien un petit coin sympa pour diner. Car, oui, en Suède les restaurants sont ouverts (et on ne porte pas de masque, sauf circonstances particulières).
Les terminaux 2, 3 et 4 sont fermés : tout le trafic aérien est reporté sur le T5.

Et le T5 est vide. Mort. Quasiment personne et rien d’ouvert sauf un café peu engageant. Nous regardons le tableau des vols : dans toute la journée et pour toutes les destinations, à peine une trentaine de vols. Et essentiellement des vols intérieurs. Aucun vol Air France programmé ce 2 mars. Finalement le test ne nous a pas retardés.

Retour à Radisson Blu (où JPB fait une photo super de moi, où il me fait dire : « En Suède, les radis sont bleus »).

Du reste j’aurai, grâce à Jean-Philippe, une très belle collection de photos de cette édition. Sans compter celles prises en course par un photographe officiel de la Vasa.

Dîner au restau avec une bonne bière.

Dodo : demain prévue une visite pédestre de Stockholm. La météo sera parfaite : beau ciel bleu et un petit 5/10 °.

 

Toujours grâce à mon complice, je ferai en effet, sous sa conduite éclairée, une très belle visite de Stockholm qui s’avère une bien belle capitale. Après 2 heures 30 de marche, j’en ai un peu marre : je l’abandonne et l’attends en dégustant le « Plat du Jour : une Grillade Lax » excellente, sur une terrasse au soleil.

Retour à l’aéroport (via une pause à Radisson Blu pour récupérer nos bagages… (dont mon câble téléphonique oublié dans la chambre ce matin !).

 

Et nous embarquons : vérification minutieuse de notre Medical Certificate. Ras.

Avion à l’heure. Nous fêtons (whisky et plusieurs flasques de rouge) notre retour pendant le vol.

Nouvelle vérification au débarquement à Roissy : notre test est ok.

Dernière étape franchie !!

Isabelle est là et nous attend. Tout est dans l’ordre… Je l’adore : elle m’a manqué.


Bravo à vous 2 les amis...il fallait le tenter ...et le réussir en cette année hyper compliquée !!

   

 

 

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